Qualité et quantité

Les cours d'eau

Qualité de l'eau

Plusieurs études menées en 2006, 2010, 2015 et 2018 ont été effectuées pour mesurer la qualité de l’eau du Garon et de ses affluents. Les données recueillies proviennent de campagnes d’analyses s’étant déroulées sur quatre saisons consécutives, et sur une trentaine de stations de mesures réparties sur l’ensemble des cours d’eau du bassin versant.

Sur les échantillons prélevés, les paramètres physico-chimiques (température, oxygène, présence de polluants tels que les nitrates, les phosphates, les pesticides, les hydrocarbures, les métaux…) et les paramètres biologiques (inventaire des poissons, des invertébrés, des végétaux macroscopiques et microscopiques comme des algues unicellulaires appelées diatomées) ont permis d’établir un état écologique des cours d’eau.

Sur l’ensemble du bassin versant, la qualité de l’eau est à dominante moyenne. Un quart des secteurs échantillonnés est de qualité plus dégradée. Un seul secteur atteint l’objectif de bon état réglementaire. Le secteur amont étant plus préservé que le secteur aval.

Concernant l’assainissement, on constate une amélioration de la situation avec une diminution de certaines concentrations de polluants comme les matières phosphorées entraînant le retour de larves d’insectes aquatiques sensibles à ce type de pollution.
Quatre nouvelles stations d’épuration ont été réalisées entre 2013 et 2018, et de gros efforts ont été menés pour améliorer le fonctionnement des réseaux d’assainissement et éviter les rejets d’eaux usées dans le milieu naturel par temps de pluie. Mais ces rejets constituent toujours un des principaux freins à l’amélioration de la qualité de l’eau sur le bassin versant, d’autant plus sur des périodes où le débit des rivières est très faible limitant ainsi la dilution des éventuels polluants mais aussi la capacité d’auto- épuration naturelle du cours d’eau.

Depuis 2015, les débits des rivières du bassin versant sont inférieurs à la moyenne des débits enregistrés depuis 1970.

Combattre les pesticides

Les agriculteurs sont aujourd’hui les principaux utilisateurs de pesticides. Les collectivités et les jardiniers amateurs ont – depuis respectivement 2017 et 2022 – l’interdiction d’utiliser ces produits dangereux pour les milieux aquatiques. Quant aux pesticides utilisés par les agriculteurs, certains sont désormais interdits et l’agriculture biologique se développe tant sur le plan des surfaces exploitées que sur le nombre d’agriculteurs engagés.

Le SMAGGA et Agribio sont allés à la rencontre d’agriculteurs engagés dans des pratiques respectueuses de l’environnement et tout particulièrement de la ressource en eau. Par leurs témoignages ils nous racontent leur amour de la terre et de leur métier.

  • Des filets Alt’Carpo pour sécuriser ses récoltes – Gilbert Besson
  • Eclaircissage en arboriculture – Léo Bouchut
  • Mesanges et chauves-souris au service des vergers – Marc Besseas et Brice Le Maire
  • Désherbage mécanique en arboriculture – Gilbert Besson
  • L’histoire des petits cochons bio – Philippe Chorrier
  • Des méthodes naturelles au soin des troupeaux – Valentine Darmedru
  • Atteindre l’autonomie alimentaire en élevage – Sébastien Chazelet
  • Pop culture, la production de maïs population – Cédric Guinand
  • Jeunes et bio, ils se convertissent à l’agriculture biologique – Bastien Morales et Baptiste Joannin
  • Paillage paillage, adventice jamais ne revient – Florent Grillet
  • Gestion de la fertilisation en maraîchage bio – Nicolas Aymard
  • Des auxiliaires de culture pour lutter contre les ravageurs – Dominique Vianney
  • Garder la ligne verte, l’enherbement inter rangs en viticulture – Régis Descotes
  • L’intérêt de la haie – Henri Jullian
  • Bio à Pro, le champs des possibles – Julia Girard et Henri Chambe
  • Le bio, le brut et le paysan – Rhône Saône Légume
  • Circuits courts, le courant passe avec les consommateurs – Alexis Jacquier et Bruno Verney

Les facteurs dégradant la qualité de l’eau sont essentiellement liés à l’activité humaine. Certaines pollutions dites chroniques tirent leur origine de l’occupation des sols. Elles proviennent principalement des réseaux routiers avec des pollutions aux métaux ou aux hydrocarbures, ou encore de l’agriculture avec l’utilisation de pesticides, de nitrates et de phosphates.
Pour les pesticides, toxiques pour les espèces aquatiques, leur concentration a tendance à diminuer ces dernières années. Le retour de communautés d’insectes aquatiques permet de mesurer cette évolution positive rendue possible en partie grâce à la suppression de l’utilisation de pesticides sur l’espace public par les communes du fait de l’entrée en vigueur de la loi Labbé en 2017.

Cette loi s’est d’ailleurs durcie depuis 2022 puisque l’interdiction s’est étendue à un plus large éventail de lieux pour les communes (stade, cimetière…) et aux particuliers.

Combattre le phosphore

Pour améliorer la qualité de l’eau, les collectivités territoriales en charge de l’assainissement procèdent à :

  • des mises aux normes des systèmes de traitement des eaux usées
  • des réfections de canalisations usagées
  • des vérifications des systèmes d’assainissement non collectif.

 

Toutefois, la plupart des systèmes d’assainissement ne peuvent éliminer totalement le phosphore. C’est notamment par les produits ménagers que celui-ci arrive dans les réseaux, puis dans les cours d’eau. Les produits ménagers – dits « propres » – pour lave-vaisselle et lave-linge n’existent pas. Tous ont un impact sur l’environnement.

Pour le limiter :

  • ne faites tourner vos appareils électro ménagers que lorsqu’ils sont pleins,
  • respectez les doses de produits prescrites par les fabricants.

Quantité et qualité intimement liées

La qualité et la quantité d’eau sont deux facteurs indissociables pour qualifier l’état d’une rivière.

En cas de pollution, une rivière avec un débit soutenu bénéficiera d’une meilleure défense qu’un cours d’eau soumis à un fort étiage, la pollution se diluant plus facilement.

Pour la faune piscicole, une rivière vive à l’eau fraîche est également plus attrayante qu’un cours d’eau où l’eau stagne et se réchauffe.

Les débits du Garon et de ses affluents sont liés la pluviométrie annuelle atteignant le bassin versant du Garon. 

La qualité piscicole s’améliore lentement

Suite aux actions réalisées dans le cadre du second contrat de rivière du Garon entre 2013 et 2018 (effacement des seuils, réduction de l’utilisation des pesticides, amélioration de l’assainissement…), la Fédération Départementale des Associations Agréées de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique du Rhône (FDAAPPMA 69)  a réalisé une étude bilan portant sur la qualité piscicole des cours d’eau. Cette étude est venue compléter les deux études précédentes menées en 2013 et 2015 afin de dresser un état initial et un suivi intermédiaire.

(Photo : Yannick Gougenheim©)

Pour mesurer l’évolution de la qualité d’une rivière comme le Garon, la truite Fario – espèce tout particulièrement sensible aux perturbations (pollutions, température de l’eau supérieure à 19 degrés, absence de zones de refuge…) – est un excellent bio indicateur. L’inventaire de la population piscicole – pas seulement les truites mais aussi les vairons, les loches ou les goujons, espèces plus tolérantes aux pollutions – permet de dresser une partie du bon état d’une rivière.

Le contexte dans lequel a été mené cette étude a été fort pénalisant (sécheresse
hydrologique et fortes températures). Malgré, ces handicapes, la qualité des peuplements de truite Fario est restée stable ou en amélioration sur le Garon, alors qu’elle s’est dégradée sur le Mornantet. Cet affluent étant plus cloisonné, par la présence de nombreux seuils, et plus impacté par les pollutions que le Garon.

D’une manière générale, les diminutions significatives des teneurs en phosphore, principal facteur de déclassement des cours d’eau, ont joué un rôle dans les améliorations constatées. Cela reste toutefois encore insuffisant pour rejoindre les classes de qualité piscicole bonne ou très bonne, qui sont les objectifs du SMAGGA. De gros efforts seront encore à fournir pour y parvenir.

Ces efforts passent également par :

  • la restauration de la végétation sur les berges pour garantir un ombrage et une eau fraîche indispensable aux populations de truites

  • le retour de zones de refuge propices à l’habitat des espèces

  • la poursuite de la suppression des seuils cloisonnant la rivière et empêchant la libre circulation des espèces et des sédiments

  • la lutte contre les pollutions impactant les rivières (rejets d’eaux usées, fuites d’hydrocarbures, ruissellement de pesticides, déversements de produits issus de l’industrie…)

ZOOM sur les PFAS

Le sujet des pollutions aux substances perfluorées (PFAS) dans la région lyonnaise, mis sous les feux des projecteurs suite à une enquête journalistique diffusée sur France 2 le 12 mai 2022, soulève des interrogations.

Les services de l’État (préfecture de région, préfectures de départements, direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement, agence régionale de santé), en lien étroit avec l’administration centrale, sont pleinement mobilisés sur ce sujet. Leur objectif est d’analyser et de comprendre la situation, de mieux connaître ces polluants émergents et leurs mécanismes, et de prendre les mesures nécessaires.

La Préfecture du Rhône a mis à la disposition de la population, une page dédiée sur son site internet pour suivre les derniers développements sur le sujet.

Aucune mesure restrictive n’a été adoptée à ce jour. Il est néanmoins recommandé par les autorités sanitaires de ne pas consommer les poissons pêchés dans le Rhône en aval de Pierre-Bénite et dans le Garon.

Pluviométrie et alertes sécheresse

De moins en moins de précipitations efficaces

La quantité de précipitations est enregistrée depuis plusieurs pluviomètres disposés sur le territoire. En moyenne, il tombe 780 mm de précipitations chaque année. Mais le bassin versant connait des épisodes de déficit pluviométrique qui ont des conséquences sur les débits des cours d’eau, la recharge de la nappe du Garon et la sécheresse des sols. En effet, sur les 780 mm de pluies, seulement ¼ rejoignent la nappe.

Des alertes sécheresse qui s'enchaînent

Les alertes sécheresse sont décrétés par la Préfecture du Rhône (service de l’Etat) qui en fonction du débit des rivières, du niveau de la nappe et des prévisions pluviométriques définit un niveau d’alerte.

Il existe 4 seuils allant de :

Crise étant le niveau d’alerte maximale.

Chacun de ces seuils de gravité entraînent des mesures de restriction des usages de l’eau plus ou moins sévères pour faire face à la sécheresse. 

L'eau potable

La nappe du Garon à la loupe

  • Volume : 25 millions de m3
    (soit 8 000 piscines olympiques de 50 x 25 x 2,5 mètres)
  • Population desservie en eau potable : 90 000 habitants
  • Volume prélevable pour garantir sa recharge annuelle :
    5,5 millions de m3 (5,35 millions m3 pour l’alimentation en eau potable,
    100 000 m3 pour l’industrie et 50 000 m3 pour l’irrigation agricole). L’irrigation des terres agricoles est gérée par le Syndicat Mixte d’Hydraulique Agricole du Rhône (SMHAR) qui n’utilise pas l’eau de la nappe du Garon mais l’eau du fleuve Rhône pour fournir en eau les agriculteurs.
  • Fonctionnement : la nappe est alimentée en proportion égale par les précipitations et par l’infiltration de l’eau du Garon. La nappe phréatique du Garon a un équilibre très précaire (sous le seuil de vigilance depuis 2016) qui risque de s’accentuer dans un contexte de changement climatique. Consulter le niveau de la nappe du Garon à Vourles.
  • Situation géographique : de Saint-Genis-Laval au Nord à Givors au Sud.
  • Zoom sur un épisode caniculaire : en 2003, la consommation a atteint un pic de 8 millions de m3.
    La capacité de recharge de la nappe étant très lente, il a fallu près de dix ans pour qu’elle sorte du niveau de vigilance. Voilà pourquoi il est important pour chacun de maîtriser sa consommation d’eau en évitant les gaspillages et en adoptant des attitudes responsables.

La distribution de l'eau potable

Le SIDESOL et le SIE MIMO sont les collectivités publiques en charge de la distribution d’eau potable sur le bassin versant du Garon.

Ils pompent la ressource depuis la nappe du Garon. Un troisième syndicat, le SMEP Rhône Sud, puise l’eau dans la nappe du Rhône à Ternay. Il vend de l’eau aux 2 premiers afin de soulager la nappe du Garon à hauteur d’environ 25 % de l’eau distribuée.
Il existe une interconnexion entre les réseaux de ces trois syndicats permettant en cas de nécessité (maintenance, incident, baisse de niveau…) de soutenir son voisin.

Préservons la qualité de l’eau

En France, l’eau du robinet est l’un des aliments les plus contrôlés. Elle fait l’objet d’un suivi permanent, destiné à en garantir la sécurité sanitaire. A la demande de l’ARS (Agence Régionale de Santé), les syndicats de distribution d’eau potable font réaliser des analyses de la qualité de l’eau qu’ils distribuent. 

Afin d’améliorer la qualité des eaux du bassin versant et protéger la nappe phréatique du Garon, les 24 communes du bassin versant ont été encouragées à se passer de pesticides afin de respecter la loi Labbé. Pour les aider dans cette démarche, elles ont été accompagnées par le SMAGGA pour la réalisation de leur plan de désherbage en définissant leurs besoins en outillage et en hiérarchisant les zones à entretenir.

Pour cela :

  • N’utilisez pas de pesticides. Avec la pluie ils risquent de ruisseler jusqu’à la rivière, puis au Garon, puis par transfert jusqu’à la nappe phréatique.

  • Ne versez pas vos fonds de pots d’hydrocarbures, de peintures, de dissolvants, de produits de bricolage… dans les grilles d’eaux pluviales. Elles sont toutes reliées au réseau d’eau pluviale qui lui-même débouche sur le milieu naturel : la mer. 

Economisons l’eau​

Un outil pour gérer les usages de l'eau

Pour préserver cette précieuse ressource sur le long terme, aujourd’hui en limite de surexploitation, et rester vigilants, la Préfecture du Rhône a demandé au SMAGGA d’élaborer avec tous les acteurs concernés un plan de gestion de la ressource en eau (PGRE) pour la période couvrant 2016 à 2023.

Objectifs du PGRE pour la nappe du Garon

Les volumes maximum prélevables annuellement, sont fixés à 5,5 millions de m3.

La répartition de ce volume annuel entre les catégories d’usage est définie selon la règle suivante :

  • Alimentation en eau potable : 5,35 millions de m3
  • Activités économiques : 100 000 m3
  • irrigation pour 50 000 m3 (l’irrigation des terres agricoles s’effectue majoritairement par le réseau du SMHAR, qui pompe l’eau directement dans le Rhône. Ce volume ne représente donc pas la totalité de l’eau utilisée pour irriguer les terres agricoles).

Pour limiter l’impact des sècheresses, il a été convenu avec les syndicats de distribution d’eau potable de ne pas dépasser les 4,5 millions de m3 de prélèvements sur la nappe du Garon pendant la période du PGRE (2016 – 2023), afin de retrouver une situation d’équilibre. Une opération réalisable grâce au soutien de la nappe du Rhône permettant de prendre le relais de celle du Garon pour répondre aux besoins en eau.

Des gestes du quotidien pour économiser l’eau

A la maison

  • Préférer la douche (5 minutes sous l’eau) au bain
  • Couper l’eau lorsque l’on se brosse les dents ou que l’on se lave les mains
  • Couper l’eau sous la douche lorsque l’on se savonne
  • Encore + d’idées 

Au jardin

  • Récupérer l’eau de pluie pour arroser
  • Arroser tôt le matin ou tard le soir
  • Pailler les pieds de vos plantations
  • Utiliser l’eau de rinçage des légumes pour arroser
  • Choisir une végétation adaptée peu consommatrice d’eau
  • Ne pas arroser sa pelouse
  • Donner la priorité à l’infiltration des eaux pluviales pour la recharge de la nappe. 
  • Recensement des puits de prélèvement privés et non privés.
  • Suppression des tarifs dégressifs de l’eau potable par les syndicats de distribution.
  • Mise en place progressive par le SIDESOL de la télé-relève des compteurs d’eau afin que les usagers puissent suivre leur consommation et détecter d’éventuelles fuites.
  • Distribution aux particuliers de petits matériels faciles à installer sur les robinets, flexibles de douche… pour limiter la consommation d’eau.
  • Détection et recherche de fuites sur les réseaux par les syndicats de distribution d’eau potable. Travaux de renouvellement de réseaux.
  • Optimisation de la gestion des retenues collinaires (mise en place de débits réservés, effacement des retenues non utilisées, amélioration du suivi des débits).
  • Audit de consommation d’eau des bâtiments publics des communes.
  • Actions de communication (réalisation de deux spots de sensibilisation pour les réseaux sociaux et pose d’autocollants à proximité des robinets et des chasses d’eau).   

Dans le prolongement de ce PGRE, un PTGE (Projet de Territoire pour la Gestion de l’Eau) verra le jour en 2024.